«
C'est une fille. »
Une fille qui hurle de toute la force de ses petits poumons, dans les bras de son père larmoyant et sous le regard attendri des sages-femmes. Sa mère la réclame, et le petit corps enveloppé dans les draps blancs est déposé sur la poitrine encore soulevée d'une respiration douloureuse. La souffrance en revanche a déserté les prunelles sombres de la femme qui tient sa fille contre elle, irradiée de bonheur. La main de son époux glisse sur son épaule, elle lève la tête vers lui. Leurs yeux se sourient. Samuelle, Jessica, Kris, Eriksen. 27 Mai 2055, 4h57. Première explosion de bonheur dans la vie qu'ils se reconstruisent peu à peu, depuis la fin du conflit nucléaire.
A peine neuf mois plus tard, ce sont les pleurs d'un garçon qui éclatent dans la salle d'accouchement. L'enfant est légèrement prématuré, issu d'un retour de couche. La grossesse n'était absolument pas prévue, mais le petit Jared ne recevrait pas moins d'amour que sa grande sœur.
* ~ * ~ *
«
Espèce de poule mouillée ! »
Ce n'est pas vrai. Elle n'a pas peur. C'est juste qu'elle n'a pas envie. Les parents leur ont interdit de sortir pendant qu'ils n'étaient pas là. Mais Jared n'est pas de cet avis. Il a neigé, dehors, un manteau blanc recouvre le paysage entier. Il fait froid, et puis, ce dessin animé à la télé est bien parti pour occuper au moins une partie de l'après-midi. «
Tu veux pas rester assis cinq minutes ? Ils vont rentrer dans une heure. On ira dehors quand on aura le droit. » Il la regarde d'une drôle de façon et ça ne lui plaît pas du tout. «
Trouillarde. »
La remarque la pique au vif, elle se redresse d'un seul coup. Désormais droite comme un pic, assise en tailleur sur le canapé, elle l'observe enfiler ses bottes et son manteau. S'il ne met pas son écharpe, il va attraper froid, songe-t-elle vaguement. S'il sort, il va laisser des traces dans la neige et il se fera disputer. Il lui lance un dernier regard provocateur, et déverrouille la porte-fenêtre avant de se glisser à l'extérieur. Elle soupire. Toise son propre manteau accroché dans l'entrée. L'écharpe verte et grise de son frère, abandonnée sur le porte-manteau voisin.
«
Mets ça » grogne-t-elle, boudeuse sans l'être, en lui lançant l'étoffe roulée en boule. Elle a froid, et elle déteste être dans cet épais manteau d'hiver. Elle a l'impression d'être entravée et de ne pas pouvoir bouger comme elle voudrait. Il attrape l'écharpe au vol, lui sourit de toutes ses dents. C'est presque malgré elle que son visage s'illumine enfin. Parce qu'elle adore le voir sourire, ce petit gamin insupportable. Et qu'elle le sait bien, au fond, que de toute façon, il gagne toujours, et elle finit par céder. Il rit, court vers elle, l'attrape par la main et repart en sens inverse pour lui montrer le bonhomme de neige qu'il a commencé à construire. Et elle le suit, le rire aux lèvres, délicieusement prise au jeu. Elle fera moins la fière quand les parents rentreront. Mais pour l'instant, ça n'a aucune importance.
* ~ * ~ *
«
Allo ? »
Sam lève la tête du livre de physique-chimie dans lequel elle était plongée. Assise à la table de la salle à manger, elle observe sa mère avec la ferme intention de deviner avec qui elle est en communication. Et quand elle la voit se décomposer, elle fronce les sourcils. Sa mère bafouille, bégaie ; et commence à paniquer.
Comment, mais ils vont bien, mais, oui, j'arrive, on arrive, mais ils vont bien, hein, s'il vous plaît, dites-moi qu'ils vont bien ; et Sam la regarde avec de grands yeux. Elle commence à comprendre. Elle s'en doute, du moins : elles attendaient que les deux garçons rentrent d'un match de basket, et ils étaient un peu en retard. Rien d'affolant jusqu'à ce coup de fil.
Sa mère conduit vite. Elle pleure et n'en finit pas de pleurer. A côté d'elle, la jeune fille est calme. Elle a peur, mais elle ne sait pas trop comment réagir. Elle attend d'arriver, elle veut voir son père, et son frère, même s'ils sont un peu blessés, elle veut les voir. Sa mère lui a dit qu'ils avaient eu un accident de voiture, mais c'est tout ce qu'elle sait. Elle a peur, mais elle est calme. Elle espère qu'ils vont bien.
Ils ne vont pas bien. Sa mère pleure et pleure encore, pendant qu'elle parle avec un médecin dans le couloir. Sam est assise sur la chaise dans la chambre où dort son père. Il est un peu cabossé, bandé sur le front, sur le bras ; peut-être même aussi sous la blouse d'hôpital qu'il porte. Ses cheveux blonds sont un peu souillé par le sang, mais il n'y en a pas beaucoup. Elle le voit respirer, elle sait qu'il est vivant. Mais elle ne sait pas où est Jared. Elle voit juste que sa mère pleure par la vitre de la chambre. Elle croit toujours qu'ils vont venir la chercher pour lui montrer la chambre de son frère ; il est sûrement un peu blessé aussi. Mais il est vivant. Pas vrai ?
Elle hurle à plein poumons. Ce n'est pas vrai. Il est vivant, ils se sont trompés. Il ne peut pas être parti. Il n'a pas le droit. Il ne peut pas la laisser. Il n'a pas le droit, pas le droit, pas le droit.
* ~ * ~ *
«
Il va revenir. »
Sam ne comprend pas. Jared est mort il y a presque six mois, et il ne reviendra jamais. Il ne la traitera plus jamais de poule mouillée et il ne lui servira plus ce sourire narquois qui savait si bien l'énerver. Elle ne le retrouve plus à la pause au collège. Elle ne l'attend plus le soir pour sortir et prendre le bus pour rentrer chez eux. Alors elle ne comprend rien à ce que lui racontent ses parents, à table, ce soir. «
Quoi ? »
Son père semble anxieux, incertain. Sa mère en revanche sourit pour la première fois depuis longtemps, ajoutant à l'incompréhension de la gamine. «
Jared va revenir. On ira le chercher ce weekend. Tu veux venir avec nous ? »
Elle ne répond pas, réfléchit à toute vitesse. Elle a quatorze ans et n'aime vraiment pas qu'on la prenne pour une idiote. Encore moins quand il s'agit de son frère. Encore moins quand ce sont ses parents, au sujet de son frère. Comme tous les enfants de son âge, elle a entendu parler des ANIMAs. Un nouveau Jared. Un ANIMA-Jared. «
C'est vrai ? Ce sera lui ? Pareil qu'avant ? » Sa mère lui sourit. Son père ne la regarde pas. «
Pareil qu'avant. » Et d'un seul coup, elle se met à espérer.
* ~ * ~ *
«
Tu m'avais promis que ce serait lui ! »
Elle crie. Et elle pleure. Elle n'arrive pas à arrêter de pleurer, et sa mère a la voix brisée quand elle essaie de lui répondre, de la convaincre et de la consoler. Mais Sam ne l'entend même pas. Elle pleure, elle sanglote. Elle songe comment Jared venait toujours la faire rire quand il la voyait pleurer, comme il détestait la voir dans cet état. Mais il n'était plus là pour venir la faire rire. Pour sécher ses larmes avec son sourire et ses blagues qui n'étaient pourtant pas très drôles. Il ne serait plus jamais là. Et l'ANIMA-Jared n'était pas son frère. Il ne riait pas comme lui. Il ne souriait pas comme lui. Il lui ressemblait et ça faisait mal de voir comme il était pareil et comme il était différent. La jeune fille était désorientée. Elle avait envie de rire quand elle le voyait et elle voulait le retrouver, mais quand elle s'approchait, quand elle lui parlait, ce n'était pas exactement le même, ce n'était pas son frère. La joie et le soulagement immense qu'elle avait ressentis en le voyant pour la première fois lui semblaient si loin à présent. «
C'est pas Jared. C'est pas mon frère ! »
Et sa mère ne sait pas quoi faire, elle essaie de l'enlacer mais la jeune fille se débat et s'enfuit. Impuissante, la femme se redresse, jette un oeil à son époux, immobile, dans l'encadrement de la porte. Le regard qu'il lui tend est étrange, elle ne comprend pas. Il s'avance, passe devant elle et s'en va rattraper sa fille recroquevillée dans un coin de la pièce. Il l'attrape par la taille et la soulève dans ses bras comme si elle n'avait rien pesé ; Sam se débat à nouveau. Elle continue de crier, elle pleure encore, mais l'étreinte de son père finit par avoir raison de ses maigres forces et elle enfouit son visage dans son épaule pour y déverser son chagrin et sa déception. «
C'est pas lui » gémit-elle entre deux sanglots. «
Je sais », lui murmure-t-il douloureusement, en la serrant plus fort contre lui.
* ~ * ~ *
«
Félicitations à vous tous ! »
Le sourire qui illumine le visage de Sam n'est pas feint. Elle est debout sur l'estrade au centre de ses camarades de classe, son diplôme bien visible entre ses mains pour la photo officielle. Majore de promotion, diplômée de la plus réputée des écoles d'Architecture du Danemark. Elle l'a enfin, la reconnaissance de tout son travail, de ces années de boulot et de galère. Elle a passé les trois dernières années en internat, loin de Copenhague, loin de ses parents, de son prétendu frère et de ses amis. Ca n'a pas été facile. Mais ça y est. Diplômée et plus fière que jamais.
Elle regarde l'assistance, trouve enfin ses parents, au troisième rang. Ils sourient eux aussi. Ils sont fiers eux aussi, et elle se sent gonflée d'orgueil. ANIMA-Jared sourit. Elle se demande s'il est heureux pour elle ou s'il essaie juste, une fois de plus, de l'attendrir avec sa gentillesse et ses attentions. Puis elle décide qu'elle s'en fout. Ce faux-humain ne l'intéresse pas, il peut bien crever s'il veut, elle n'en a strictement rien à faire.
Tout le monde commence à descendre de l'estrade et Sam s'apprête à rejoindre sa famille lorsqu'elle est interpellée par une voix masculine. Elle s'arrête, cherche du regard celui qui la hèle de la sorte. Ses prunelles sombres tombent finalement sur un jeune homme blond affublé d'un calepin et d'un badge « presse ». Elle se tourne vers lui, intriguée, attend qu'il arrive jusqu'à elle. «
Dan Björn, journaliste. Pardon, vous voudriez bien m'accorder quelques instants ? » Il a un beau sourire, songe-t-elle en le regardant. Un léger accent, à peine perceptible, mais elle est prête à parier qu'il est suédois. Son nom de famille le trahit un peu, aussi. «
Pas longtemps, je vais rejoindre ma famille » fait-elle, à peine aimable, mais pas agressive, espérant presque que son manque d'enthousiasme le découragerait. Mais il lui sourit encore et elle se surprend à le trouver presque lumineux. «
Naturellement, j'ai juste une ou deux questions sur vos impressions, vos sentiments, en tant que majore de promo. Vous devez être sacrément fière ! » «
Vous êtes perspicace » fait-elle, doucement sarcastique en laissant l'ombre d'un sourire étirer finement ses lèvres. «
Journaliste, c'est synonyme. » enchaîne-t-il, du tac au tac. Elle hausse un sourcil «
Tiens donc. » ; et il se met à rire, et son sourire à elle s'élargit.
* ~ * ~ *
«
T'es insupportable ! »
Elle soupire du bout des lèvres, sans même lever les yeux. Son crayon a dérapé sur l'angle à gauche du dessin sur lequel elle travaille depuis une heure : la villa qu'un riche client vient de commander à son cabinet d'architectes. Elle a tenu à travailler personnellement sur la conception, mais avec Dan qui continue de lui crier après, elle a un peu de mal à se concentrer. L'angle n'est pas réussi, mais elle devrait pouvoir le rattraper. Pas question de gommer, les traces que la chaleur étalerait sur le papier immaculé seraient tout simplement dégueulasses. «
Tu devrais sortir prendre l'air. Ca te détendrait. » Lâche-t-elle tranquillement tandis qu'elle l'entend fulminer derrière elle. Il fait les cents pas, passe régulièrement devant la fenêtre, faisant ainsi varier le faisceau de lumière qui illumine sa table de travail. Ca l'agace, mais elle décide d'être patiente. Il va sortir se calmer et elle aura la paix pour dessiner. Ce n'est pas la première fois qu'il s'énerve, et ça se passe toujours comme ça. «
Si je franchis cette porte, tu ne me reverras plus dans cet appartement. » Elle perçoit la tension dans sa voix. Quoi, il ne va quand même pas se mettre à pleurer ? Elle l'avait prévenu, pourtant. Elle bosse. Ce travail, c'est tout. C'est tout ce qu'elle a construit, c'est son empire, sa victoire, sa vie. D'accord, ça fait une semaine – ou deux … ou trois – qu'il veut sortir au restaurant avec elle et qu'elle repousse. Mais il la connaît, depuis le temps. Ca fait des années qu'ils sont ensemble. Il l'a aimée pour sa détermination, pour son perfectionnisme. Il a l'habitude de son détachement. Il a été le premier à croire en elle et à être fier qu'elle réussisse à monter son propre cabinet. Elle n'a pas franchement été disponible depuis, mais il sait pourquoi, il la connaît. Est-ce qu'ils sont sortis, depuis ? Est-ce qu'elle a pris un peu de temps pour lui, pour eux ? Mais il était prévenu. Son boulot passe avant tout. Et puis s'il n'était pas aussi collant et aussi impliqué … elle ne lui avait jamais rien demandé. Et elle l'avait prévenu. «
Qu'est-ce que tu veux que je te dise. » elle fait, lentement. Calmement. «
Fais ce que tu veux, c'est ta décision. » Après tout, elle ne le force à rien. Ce n'est pas elle qui s'en va. Et elle l'avait prévenu. Il ne répond pas, elle déglutit en l'entendant s'éloigner. L'amertume de Dan la frappe dans le dos, juste là entre les omoplates. Elle connaît cette impression. La rancoeur qu'il lui tend, ce n'est pas la première qu'elle reçoit. Tant pis pour lui. Le crayon s'immobilise au dessus de la feuille de papier, juste au moment où la porte claque dans l'appartement. Ca résonne longtemps à l'intérieur de sa tête et elle attend quelques secondes dans le silence assourdissant. Elle l'avait prévenu. C'est sa décision, à lui. Finalement, elle tend sa main gauche vers le smartphone positionné sur le socle sur le côté de la table de dessin. Quelques gestes du bout des doigts et les enceintes accrochées aux quatre coins de la pièces libèrent la musique. C'est puissant, ça fait presque vibrer les murs : les basses sont un peu fortes mais c'est comme ça qu'elle aime écouter. Le crayon s'active sur le grain précis de la feuille. L'angle est ajusté, le dérapage rattrapé. Comme s'il n'avait jamais été là.
* ~ * ~ *
«
Ca va ? »
Sam sert les dents. Elle a le front appuyé contre la fenêtre du salon, dans la maison de ses parents. C'est ANIMA-Jared qui est derrière elle et qui vient de la retrouver. Elle n'a pas envie de le voir. Pas envie de lui parler. Pas envie de recevoir sa compassion et son empathie. Ce n'est pas lui qu'elle veut. A la base, à ce repas de famille, elle devait y venir avec Dan. Elle n'avait prévenu personne pour la rupture, qui remontait pourtant à presque un mois. A table, sa mère lui avait demandé s'il était en déplacement pour le boulot. Elle avait répondu que non, qu'ils étaient juste séparés. Et en le disant à voix haute, elle s'était sentie mal. Elle s'était mise a trembler et au final, elle s'était enfuie dans le salon, sans un mot de plus. Pas question de rester devant eux, tous, dans cet état. Plus jeune, elle s'était promis que si son frère n'était plus là pour la faire rire quand elle pleurait, alors elle ne pleurerait plus. Aujourd'hui, elle n'en est pas loin ; pourtant elle n'avait que peu failli à sa promesse, en quinze ans. Et il n'y a que cet abruti d'ANIMA derrière elle pour essayer de faire quelque chose. Il avait les réflexes qu'aurait eu Jared envers elle. Il avait les mêmes yeux et la même gueule d'ange. Mais ce n'est pas lui. Aujourd'hui elle aurait voulu qu'il soit là. Tellement voulu.
«
Dégage » grogne-t-elle entre ses dents, en essayant de retenir ses larmes. Elle l'entend s'approcher, soupire pour essayer de se calmer. Mais quand elle sent une main se poser sur son épaule, sa réaction est immédiate : elle fait volte-face, attrape la main de l'ANIMA et l'écarte d'elle avec hargne. «
Je t'ai dit de dégager ! ». Ses yeux sont rouges, elle n'a pas envie de pleurer, encore moins devant lui. Alors elle le fusille du regard et le contourne pour aller s'enfermer dans la chambre qui avait été la sienne, autrefois, à l'étage. Cette chambre qu'elle avait partagée avec Jared pendant les quatorze premières années de leur vie. Assise sur le lit, toujours au bord des larmes, elle observe le grand placard mural face à elle. Elle s'approche, l'ouvre en grand. Il y a un petit carton dans le fond, sur la dernière étagère en haut. Elle le sait, et elle approche la chaise de bureau pour atteindre l'étagère en question. En fouillant un peu, elle finit par trouver le carton, redescend sur le sol et retourne s'asseoir sur le lit. Fébrilement, elle retire le couvercle. L'étoffe est toujours là. Grise et verte, protégée de la poussière par le carton. Elle laisse ce dernier retomber sur le sol tandis que ses doigts se sont refermés sur le tissu. Elle le porte à son visage, respire à plein poumons. L'odeur de son frère a disparu, comme elle s'y attendait. Pourtant l'émotion qui l'avait saisie à la gorge resserre son étau et cette fois, c'est trop. Elle pleure, écrase ses larmes dans l'écharpe. Lui seul pouvait recevoir tout ça. Dan l'avait pu, aussi. Mais ça ne fonctionnait pas. Il n'y avait que Jared avec qui tout avait toujours fonctionné. Son frère et son ami. Ca faisait quinze ans qu'il n'était plus là, elle avait cru avoir fait son deuil, accepté l'inacceptable. A force de fuir la douleur, elle finissait par se la reprendre en plein visage.
Quinze minutes plus tard, elle déverrouille la porte de la chambre, embrasse ses parents, récupère sa veste, et quitte la maison. Elle a un dessin à terminer, les affaires n'ont jamais été aussi prospères pour son entreprise et c'est à ça qu'elle peut se raccrocher. Alors elle s'y raccrochera et elle repartira, la tête haute, comme à chaque fois. Elle n'a besoin de personne, elle est forte, et elle fera en sorte que ça aille. Comme à chaque fois.